Le ministère de la Défense publie, sur Internet, les grandes lignes de sa stratégie sur les réseaux sociaux. L'objectif de ce rapport est de définir les risques et les avantages de ces outils numériques.



Alors que les réseaux sociaux prennent une place de plus en plus importante dans notre société, l’armée française s’intéresse à ce phénomène. Après la publication d’une première étude en 2012, le ministère de la Défense a mis en ligne, le 23 avril dernier, un nouveau rapport censé exposer les bases de la stratégie de la Grande Muette sur Facebook, Twitter, YouTube, etc.
Une nouvelle arme pour les militaires
Cette dernière part du constat que l’information se propage désormais très rapidement d’un bout à l’autre de la planète. "En 1963, l’annonce de la mort du président Kennedy met plusieurs heures pour atteindre la France depuis les États-Unis. En 2009, l’annonce de la mort du chanteur Michael Jackson ne met que trois secondes", peut-on ainsi lire dans le rapport.
Les internautes reprennent et partagent entre eux des milliers d’informations. Ce flux disponible est désormais utilisé par les militaires. Le ministère de la Défense reprend l’exemple de l’armée israélienne qui, durant son opération "Pilier de défense", en novembre 2012, a utilisé Twitter "en informant en temps réel les internautes de l’évolution des opérations".
Les réseaux sociaux constituent également une source de renseignements en zone de conflits : "Pendant les opérations en Libye en 2011, les informations provenant d’un site de suivi du trafic aérien étaient corrélées avec les annonces de frappes sur le réseau Twitter en temps réel. Les différents belligérants pouvaient ainsi se renseigner sur les opérations aériennes menées par les forces de l'Otan".


Les militaires et leurs proches sont également présents à titre personnel sur les réseaux sociaux. Pour le ministère de la Défense, ces partages virtuels permettent de renforcer le lien entre l’armée et la nation. L’opinion publique est invitée à soutenir les troupes françaises sur le terrain ou à manifester sa solidarité lors du décès d’un soldat.


Mais derrière ce rapprochement, il existe aussi de nombreux dangers : "La divulgation d’informations personnelles donnant des indications sur l’environnement opérationnel (exemple : géolocalisation de l’unité d’appartenance, photo,etc.), elle peut compromettre le déroulement d’une mission ou mettre en jeu la sécurité des personnels".
Pour l’armée, l’utilisation des réseaux sociaux risque aussi d’engendrer des rumeurs, des actions de désinformation ou de propagande. Lors de la récente opération Serval au Mali, la page Facebook de l'état-major des armées a ainsi été inondée de "messages défavorables".
Plus grave encore : les hackers peuvent également en profiter pour pirater des comptes à leur avantage. Pour preuve : "en Afghanistan, les insurgés taliban ont créé de faux profils féminins sur Facebook pour appâter des soldats des forces de l’Otan".
Utiliser à bon escient
Malgré ces dérives, l’armée française ne veut pas se passer de ces outils devenus indispensables et interdire la présence des militaires sur Internet. Les réseaux sociaux permettent finalement aux soldats d’avoir un espace de discussion : "Les blogs, les groupes virtuels de mobilisation ont des vertus cathartiques qui permettent d’évacuer les insatisfactions du moment".
Le ministère de la Défense conclut surtout que l'armée ne peut ignorer cette forme de communication publique face à la présence très forte de nombreuses armées étrangères sur le Web. Alors que l’US Army compte plus de 250 000 abonnés sur Twitter, que l'armée israélienne en enregistre presque 215 000, le compte de l’armée française n’en est qu’à ses balbutiements, avec un peu plus de 50 000 followers.