"La Bastille est rouge de monde ! Nous sommes 180 000 !" Pour le Parti de Gauche, le défi de rassembler au moins 100 000 personnes à l’occasion d’une marche contre l’austérité, la finance et pour la VIe République a donc été largement relevé dimanche 5 mai. Un chiffre nettement inférieur selon la préfecture de police de Paris qui ne fait état que de 30 000 manifestants, bien qu'elle ne fournisse pas habituellement de chiffres de participation pour les rassemblements politiques. Mais pour le Front de Gauche, qu’importe : l’objectif était de frapper aussi fort que lors du meeting de campagne du candidat à la présidentielle du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, le 18 mars 2012.
À l'appel du Parti de Gauche, soutenu par le Front de Gauche, le Parti communiste français (PCF) et quelques élus d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), le cortège a battu le pavé entre la place de la Bastille et celle de la Nation dans une ambiance festive. Les effluves de barbecues et autres mojitos en auraient presque fait oublier la gravité de la situation. Mais dans les rangs des manifestants, dont certains sont venus en famille, l’heure est à la détermination.
Plans sociaux et chômage record
"Nous sommes venus pour nous faire entendre et montrer que le peuple de gauche n’est pas dupe", lance Jacky, un manifestant d’une quarantaine d’années, venu de la proche banlieue parisienne. Dans son discours, ainsi que sur toutes les lèvres, toujours le même mot : "déception". "Nous avons élu un président de gauche, nous voulons une politique de gauche !", scandent certains à la veille du premier anniversaire de l’arrivée François Hollande à l’Élysée. "Le peuple français, comme les peuples européens, ne veut pas de l’austérité", s’exclament d’autres, jugeant qu’en ayant ratifié le traité de Lisbonne, le chef de l’État ne fait que poursuivre la politique entamée par le tandem Sarkozy-Merkel.
Venus de la région parisienne mais aussi de toute la France, les manifestants ont également été rejoints par plusieurs syndicats, dont la CGT, qui ont à cœur de défendre la cause salariale au moment où les plans sociaux se multiplient et où le nombre de chômeurs a atteint les 3,224 millions en mars, battant le record historique de 1997.
Mais le Front de Gauche ne compte pas s’arrêter là et entend bien faire perdurer la mobilisation au-delà de la date symbolique du 5 mai. Prochain grand rassemblement : les "Assises pour une refondation sociale et démocratique" prévues le 16 juin à Paris à l’appel du Parti communiste français.