La "révolution civique" est en marche à l’UMP. Depuis le mois d’avril, le parti politique de droite a lancé, à l’initiative de son président Jean-François Copé, un vaste mouvement de volontaires bénévoles prêts à se "mettre au service des Français". Ainsi, le soutien scolaire proposé par l’UMP existe déjà dans une vingtaine de départements.
La fédération de l'UMP de Haute-Garonne a elle aussi récemment mis en place un projet de soutien scolaire gratuit, soulevant un vent d’indignation au sein des partis de gauche et des associations de parents d’élèves. Les cours, qui se dérouleront dans les locaux de la fédération UMP de Haute-Garonne, pourraient se mettre en place dès le 25 mai pour "un galop d'essai" avant les vacances scolaires, puis seront vraiment lancés à la rentrée, en septembre.
Olivier Ronan Rivat, secrétaire général de la Ligue de l'enseignement de Haute-Garonne, dénonce "une manœuvre politique" destinée à "manipuler les esprits". "Un parti politique, quel qu'il soit, n'a pas cette mission", s’insurge l’enseignant questionné par l'AFP. "On peut s'interroger sur la motivation d'une telle démarche", conclut-il.
Le PS vent debout
Yannick Trigance, conseiller régional et secrétaire national adjoint à l’éducation au PS,





n’est pas surpris par l’initiative. "Ça fait bien longtemps que l’UMP ne croit plus en l’Éducation nationale", confie l’élu à FRANCE 24. "Monter un tel projet démontre à la fois la totale ignorance de l’UMP concernant les structures d’aides scolaires déjà existantes de l’Éducation nationale. Cela est par ailleurs dangereux pour la laïcité de notre pays", s’inquiète le socialiste. "C’est, enfin, nier la liberté de conscience des élèves et mépriser, dans le même temps, les partenaires sociaux qui travaillent déjà depuis de longues années dans ce domaine", ajoute-t-il.
La députée socialiste de Haute-Garonne Carole Delga s’inquiète elle aussi d’une telle démarche. "Après cinq années de pillage de l'Éducation nationale, l'UMP s'intéresse à la réussite scolaire", ironise l’élue, tout en rappelant la suppression de 80 000 postes voulue par le gouvernement Fillon. Et le Parti socialiste, dans un communiqué, de s’interroger. "Est-ce le bilan catastrophique de ses dix années passées à détruire l’école de la République qui inspire [à l'UMP] ce reniement ?"
De son côté, la fédération de l'UMP de Haute-Garonne se félicite de l’opération. "Nous



avons déjà 15 volontaires et d'autres se proposent tous les jours", a déclaré le 3 mai la conseillère régionale UMP Élisabeth Pouchelon, en charge de l'organisation de la "révolution". Malgré les critiques formulés par le PS, le parti d’opposition ne compte pas s'arrêter là dans son programme, estimant qu’il est fait dans la "transparence" et qu’ "il ne coûte pas un euro à qui que ce soit".
Pour Camille Bedin, secrétaire générale adjointe de l'UMP en charge de cette "révolution civique" au niveau national, il s’agit avant tout d’une action solidaire. "Oui, l'UMP fait du soutien scolaire. Nous sommes le réseau de ceux qui n'en ont pas. Et alors ? Si c'est utile ? Que vive la solidarité !" lance-t-elle sur son compte Twitter. " Personne n'oblige le PS à participer au soutien scolaire", surenchérit sur le site de microblogging Laurence Arribagé, secrétaire départementale UMP et conseillère régionale.
" L’État ne peut pas tout"
L’UMP, en outre, ne limite pas son action volontariste à l’éducation. " La révolution civique" s’inscrit dans un mouvement plus large. Un millier de bénévoles et 32 fédérations UMP se sont déjà portées "volontaires" pour participer aux programmes expérimentaux du parti. À l’instar de la Haute-Garonne, les départements de Sarthe et de la Haute-Loire vont instaurer dans les semaines à venir des programmes de coaching et d’aides d'orientation et de retour à l'emploi, de soutien aux démarches administratives ou encore d’accompagnement des personnes âgées isolées. D’autres champs d’action sont encore proposés sur le site civique.fr - education civique Resources and Information. This website is for sale!.
Pour Émeric Bréhier, député PS de Seine-et-Marne, l’UMP mène la même politique que celle du Premier ministre britannique David Cameron ou celle que menait Margaret Thatcher en son temps. "L’UMP entend se substituer à l’État. C’est le retour de la ‘pilorisation’ de l’État, quand, en Europe au début du XXe siècle, la religion et les partis politiques prenaient en charge un pilier de la société", explique l’élu socialiste à FRANCE 24.
Élisabeth Pouchelon, conseillère régionale de Midi-Pyrénées et déléguée UMP de la 9e circonscription de Haute-Garonne, ne voit pas dans cette initiative de substitution à l’État. "Il s’agit d’une action solidaire complémentaire à l’État, comme le font toutes les associations, car l’État à lui seul ne peut pas tout", se défend l’élue dans un entretien accordé à FRANCE 24. " Le but de la ‘révolution civique’ n’est pas de convertir les électeurs à l’UMP mais d’apporter notre soutien à la population qui en a besoin et de redorer l’image de la politique par des actions concrètes."