La fameuse ligne rouge de Barack Obama a-t-elle été franchie ? Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a déclaré vendredi 10 mai que les États-Unis pensaient détenir une "preuve solide" de l'utilisation de ces armes par le régime syrien.
Au cours d'un dialogue avec des internautes organisé par Google+, la télévision NBC News et le département d'État, John Kerry a dénoncé les "choix terribles qu'a faits le régime [du président syrien Bachar al-Assad] par sa volonté de tuer entre 70 000 et 100 000 personnes de son propre peuple, d'avoir recours à des gaz pour lesquels nous pensons avoir la preuve solide de leur utilisation".
Un pas supplémentaire
Ces propos du chef de la diplomatie américaine, tout juste rentré d'une tournée à Moscou et à Rome centrée sur la Syrie, marquent un pas supplémentaire dans les déclarations de l'exécutif américain sur le dossier des armes chimiques dans ce pays en guerre.
La Maison Blanche avait en effet jugé lundi "hautement probable que quelque utilisation d'armes chimiques que ce soit en Syrie (soit) le fait du régime" syrien et non des rebelles. Le président Barack Obama avait promis fin avril une réévaluation des "options" américaines sur la Syrie s'il est prouvé que Damas a utilisé des armes chimiques, mais a mis en garde dans l'intervalle contre des décisions prises sans avoir "tous les éléments" en main.
La Turquie est formelle
Pour le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, cela ne fait aucun doute : la Syrie a utilisé des armes chimiques et a "franchi depuis longtemps" la ligne rouge fixée par les États-Unis, a-t-il estimé vendredi sur NBC News. Son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré le même jour, lors d'une visite à Amman (Jordanie), que des examens menés en Turquie sur des victimes de la guerre en Syrie indiquent que des armes chimiques ont été utilisées. D'autres tests seraient en cours pour le confirmer.
La question des armes chimiques ne cesse de faire l'objet de déclarations depuis plusieurs semaines. Le régime syrien et les rebelles s'accusent mutuellement d'en avoir fait usage. Le 5 mai, la magistrate Carla del Ponte, membre de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'Homme en Syrie, a pointé du doigt les insurgés. Elle a aussitôt été désavouée par l'ONU, qui a indiqué ne pas détenir de preuve formelle.