Les députés français ont adopté l'élargissement controversé de l'enseignement en langues étrangères, notamment en anglais, dans les universités françaises. Les opposants à ce vote redoutent une perte d'influence du français dans l'enseignement.

Des cours dans les universités françaises pourront désormais être dispensés en anglais. Après plus de deux heures de débat passionné, les députés ont adopté, ce jeudi 23 mai, à main levée, l’article 2 du projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche. Ce texte prévoit l’élargissement de l’enseignement en langues étrangères.
Lors de l'examen du texte, la ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, a dû faire face à des réactions hostiles de la part de plusieurs élus de l’opposition, mais aussi de la majorité.
"Je suis satisfaite, car ça risquait de donner une image de nous de défaitisme, de repli sur soi. Le débat a permis d’éclaircir les choses", a réagi la ministre après le vote. "Il ne s’agit, en aucun cas, de remettre en cause la primauté de l’enseignement en français ou la défense de la francophonie. Il s’agit au contraire d’élargir le socle de la francophonie auprès des jeunes, notamment des pays émergents qui, aujourd’hui, ne viennent pas dans notre pays", a-t-elle également assuré.
Un débat passionné
Jusqu’au bout, plusieurs députés UMP ont vivement combattu ce projet de loi. "Un peuple qui parle de plus en plus une langue étrangère perd peu à peu son identité", a ainsi lancé Jacques Myard, pour qui "ce n’est pas avec ce sabir que vous pénétrerez le marché chinois, arabo-musulman ou latino-américain". L’Académie française avait également demandé au gouvernement de renoncer à cet élargissement controversé.
Face à ce tollé, les députés ont toutefois pris des dispositions pour encadrer les dispenses de cours en langues étrangères. Ils ont voté un amendement précisant que les exceptions à l’enseignement en français ne seront admises que "lorsqu’elles sont justifiées par des nécessités pédagogiques".
L’examen du projet de loi, qui compte une soixantaine d’articles, devrait se terminer lundi prochain. Le vote solennel sur l’ensemble du texte est, quant à lui, prévu le 28 mai.