"Je crois nécessaire de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable." C’est par ses mots écrits dans une lettre que l’essayiste d'extrême droite Dominique Venner, qui s'est suicidé mardi 21 mai dans la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris, a tenu à expliquer son geste. Cette note, posée sur l’autel, a été lue, mardi en fin d'après-midi, par l'un de ses amis, Bernard Lugan, sur l’antenne de Radio Courtoisie : "Je me donne la mort afin de réveiller les consciences assoupies. Je m'insurge contre la fatalité", "contre les poisons de l'âme" et "les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille, socle intime de notre civilisation multimillénaire".


Âgé de 78 ans, Dominique Venner s'est donné la mort devant l'autel de Notre-Dame à l'aide d'un pistolet à un coup, selon des sources policières. Les 1 500 personnes présentes dans la cathédrale, selon Manuel Valls, ont rapidement été évacuées, sans incident. Dans la soirée, une centaine de militants et sympathisants d'extrême droite se sont rassemblés sur le parvis de Notre-Dame pour rendre hommage à cette figure méconnue du grand public et respectée dans la mouvance, notamment pour l'un de ses textes phares, "Pour une critique positive", paru dans les années 1960. L'essayiste est également l'auteur d'une "Histoire de la Collaboration", un pavé de 767 pages paru en 2000, et d'une "Histoire critique de la Résistance", d'une "Histoire du fascisme allemand" et d'une histoire des armes de chasse en onze volumes.
Dans son message, cet ancien militant de l'Organisation armée secrète (OAS - organisation qui se battait pour garder l'Algérie française) s’est également dit "sain de corps et d'esprit", "comblé d'amour par [sa] femme et [ses] enfants". "J'aime la vie et n'attends rien au-delà, sinon la perpétuation de ma race et de mon esprit", affirme-t-il. "Une fois estompé le choc de la douleur, je ne doute pas que les uns et les autres comprendront le sens de mon geste et transcenderont leur peine en fierté. Je souhaite que ceux-là se concertent pour durer. Ils trouveront dans mes écrits récents la préfiguration et l'explication de mon geste", conclut-il.
La loi "infâme" sur le mariage gay
Cette lettre fait écho à un autre texte, publié sur son blog mardi 21 mai, dans lequel il qualifie le projet autorisant le mariage homosexuel de "loi infâme". Mais selon lui, "il faut bien voir qu'une France tombée au pouvoir des islamistes fait partie des probabilités" et que le "combat" des anti-mariage pour tous "ne peut se limiter au refus du mariage gay".
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a exprimé son "respect à Dominique Venner, dont le dernier geste, éminemment politique" selon elle, "aura été de tenter de réveiller le peuple français". Bruno Gollnisch, figure du FN, voit lui dans ce suicide "une protestation contre la décadence de notre société".
De son côté, l'éditeur de Dominique Venner, Pierre-Guillaume de Roux, refuse de lier son suicide "à cette affaire de mariage", a-t-il déclaré à l’AFP. "Cela va bien au-delà", ajoute l'éditeur qui préfère voir dans son acte "une puissance symbolique extrêmement forte qui le rapproche de Mishima", l'écrivain japonais d'extrême droite qui s'est suicidé en 1970.