Plusieurs villes de la banlieue déshéritée de Stockholm s’embrasent pour la cinquième nuit consécutive. Dans la nuit de jeudi à vendredi, au moins neuf véhicules ont été incendiés, deux écoles et un commissariat ont été endommagés.




Entre 300 et 500 personnes étaient, selon la police, rassemblées autour des véhicules en flammes. Les forces de l’ordre ont par ailleurs rapporté avoir été la cible de projectiles à Sodertaelje, dans le sud de Stockholm.
Les troubles se sont principalement concentrés à Rinkeby, Norsborg et Aelvsjoe, trois villes situées en proche périphérie de la capitale suédoise. Une flambée de violences a débuté dimanche soir dans le quartier de Husby, où 80 % des 11 000 habitants sont des immigrés de première ou deuxième génération.
Selon les médias suédois, ces heurts seraient liés à la mort, le 13 mai, d’un homme de 69 ans abattu par la police à son domicile, alors qu’il menaçait sa femme avec une machette. Les policiers ont assuré ne pas être parvenus à raisonner l’homme armé et ont plaidé la légitime défense.
Accusations de racisme
Selon des responsables associatifs locaux cités dans la presse, les auteurs des troubles reprochent aux forces de l'ordre leur racisme. Ils accusent les policiers d'avoir accentué les tensions en insultant les habitants de ces quartiers déshérités, majoritairement issus de l'immigration. Certains affirment ainsi avoir été traités de "clochards", "singes" ou "sales Nègres".
La police a appelé les éventuelles victimes à porter plainte et tenté de minimiser la gravité des violences. "Tout blessé est une tragédie, toute voiture brûlée est un échec de la société (...) mais Stockholm n'est pas en train de brûler", a souligné un responsable de la police de la capitale, Ulf Johansson.
Ces violences ont provoqué un débat en Suède sur l'intégration des immigrés, qui représentent environ 15% de la population et habitent principalement dans les quartiers pauvres des grandes villes du pays. Les immigrés connaissent un taux de chômage plus important que le reste de la population suédoise. Ainsi à Husby, le taux de chômage atteignait ainsi 8,8% en 2012, contre 3,6% à Stockholm.
Le Premier ministre conservateur Fredrik Reinfeldt, fervent partisan de l'accueil des immigrés, a voulu donner devant le Parlement l'image d'une nation unie.
"Je pense qu'il est dangereux de vouloir dépeindre la Suède avec une capitale séparée de ses banlieues. Je ne pense pas que ce soit vrai. Je pense que la ligne qui nous divise traverse Husby, entre une population majoritaire et à côté un petit groupe de fauteurs de trouble", a-t-il déclaré jeudi.
Le pays a déjà connu des incidents similaires par le passé : en 2010 à Rinkeby, et en 2008 à Malmoe, dans le sud de la ville.