Un ancien proche de Bernard Tapie a confié que ce dernier avait exulté après la victoire de Nicolas Sarkozy, estimant que son élection lui permettrait de régler favorablement son litige avec le Crédit lyonnais. L'homme d'affaires dément.

"Ça y est : j'ai les sous !" Tel serait le cri du cœur lancé par Bernard Tapie le soir de la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007, selon un ancien proche de l’homme d’affaires, Benoît Bartherotte, ce que l'intéressé nie fermement.
Dans un entretien accordé jeudi au quotidien "Sud Ouest", M. Bartherotte, homme d'affaires girondin qui a connu Bernard Tapie dans les années 80 alors que lui-même se trouvait à la tête de la maison de couture Jacques Esterel, décrit un homme exultant, "sûr de lui". "L'avenir a prouvé qu'il avait raison, mais à court terme," commente-t-il.

Tapie, un homme manquant "seulement [de] quelques principes moraux"

À l’époque, le camp Tapie, opposé au Crédit lyonnais dans le cadre de la vente litigieuse d’Adidas, plaide pour que le différend entre l’homme d’affaires et la banque soit réglé par la voie de l’arbitrage. Méthode qui a finalement rapporté 403 millions d'euros à Bernard tapie en 2008.


"Tel que je le connais, [il] aura su promettre un arrangement électoral, comme par exemple se présenter à une élection pour bloquer la gauche à un moment décisif", explique Benoît Bartherotte, qualifiant Bernard Tapie de "malin, drôle", mais manquant "seulement (de) quelques principes moraux". "Le problème aujourd'hui ne viendrait-il pas du fait que le contrat n'a pas été rempli ?", s'interroge-t-il. Ce dernier estime cependant que l'homme d'affaires a été "incontestablement" victime du Crédit Lyonnais.
Dans cette veine, M. Bartherotte qualifie la décision d'arbitrage de "logique mais scandaleuse". Selon lui, "les turpitudes du Lyonnais ne font pas la vertu de Tapie", qui avait "risqué (...) surtout (l'argent) du contribuable", puisque "c'était le Crédit Lyonnais qui avait avancé la majeure partie des capitaux".

"Ce type dit n’importe quoi sur moi"
De son côté, Bernard Tapie s'est dit scandalisé jeudi par ces propos, affirmant à l'AFP : "Ce type dit n'importe quoi sur moi". "Le soir de l'élection de Sarkozy, j'étais chez moi, avec mes parents, mes enfants, et sauf si ce monsieur était caché dans un placard à balais, je ne vois pas comment il a pu entendre ce que je disais ce soir-là", a-t-il affirmé.

L’affaire Tapie a connu de nouveaux rebondissements ces derniers jours. Mercredi, Stéphane Richard, le PDG d'Orange et ancien directeur de cabinet de la ministre de l'Économie Christine Lagarde - elle-même témoin assisté dans cette affaire -, a été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" comme l'ancien président du Consortium de Réalisation (CDR), Jean-François Rocchi.